Vous souvenez-vous des moments où vous appreniez des poèmes de Noël à l’école? Les flocons de neige recouvrant le sol, la douce odeur de pain d’épices et les oranges à la récré. Vous deviez apprendre une poésie d’hiver entre un solo de flûte à bec et la confection d’une couronne de l’Avent. Et la veille de Noël, vous récitiez votre poème de Noël à vos parents, tout en étant impatient d’ouvrir vos paquets cadeaux.
Pour vous rappeler ces beaux souvenirs d’enfance et les partager avec vos enfants, nous avons sélectionné pour vous des poèmes de Noël.
Les sapins
Les sapins en bonnets pointus
De longues robes revêtus
Comme des astrologues
Saluent leurs frères abattus
Les bateaux qui sur le Rhin voguent
Dans les sept arts endoctrinés
Par les vieux sapins leurs aînés
Qui sont de grands poètes
Ils se savent prédestinés
À briller plus que des planètes
À briller doucement changés
En étoiles et enneigés
Aux Noëls bienheureuses
Fêtes des sapins ensongés
Aux longues branches langoureuses
Les sapins beaux musiciens
Chantent des noëls anciens
Au vent des soirs d’automne
Ou bien graves magiciens
Incantent le ciel quand il tonne
Des rangées de blancs chérubins
Remplacent l’hiver les sapins
Et balancent leurs ailes
L’été ce sont de grands rabbins
Ou bien de vieilles demoiselles
Sapins médecins divaguants
Ils vont offrant leurs bons onguents
Quand la montagne accouche
De temps en temps sous l’ouragan
Un vieux sapin geint et se couche
Guillaume Apollinaire, 1913
Fantaisie d’Hiver
Le nez rouge, la face blême,
Sur un pupitre de glaçons,
L’Hiver exécute son thème
Dans le quatuor des saisons.
Il chante d’une voix peu sûre
Des airs vieillots et chevrotants ;
Son pied glacé bat la mesure
Et la semelle en même temps ;
Et comme Haendel, dont la perruque
Perdait sa farine en tremblant,
Il fait envoler de sa nuque
La neige qui la poudre à blanc.
Théophile Gautier, 1872
Noël
Le ciel est noir, la terre est blanche ;
– Cloches, carillonnez gaîment ! –
Jésus est né ; – la Vierge penche
Sur lui son visage charmant.
Pas de courtines festonnées
Pour préserver l’enfant du froid ;
Rien que les toiles d’araignées
Qui pendent des poutres du toit.
Il tremble sur la paille fraîche,
Ce cher petit enfant Jésus,
Et pour l’échauffer dans sa crèche
L’âne et le boeuf soufflent dessus.
La neige au chaume coud ses franges,
Mais sur le toit s’ouvre le ciel
Et, tout en blanc, le choeur des anges
Chante aux bergers : » Noël ! Noël ! «
Théophile Gautier
Noël
L’étoile a mis
Le feu au buis,
Le feu aux boules
De gui qui roulent
Dans les vergers
Tout enneigés.
Le feu jaillit
Des toits en fête,
Et les bergers
Parmi les bêtes
Agenouillées
Chantent et prient.
Pomme dorée
Tombée du ciel
Dans un brasier
De joie nouvelle,
Jésus est né.
Noël ! Noël !
Maurice Carême
Chanson pour les enfants l’hiver
Dans la nuit de l’hiver
galope un grand homme blanc
c’est un bonhomme de neige
avec une pipe en bois
un grand bonhomme de neige
poursuivi par le froid
il arrive au village
voyant de la lumière
le voilà rassuré.
Dans une petite maison
il entre sans frapper
et pour se réchauffer
s’assoit sur le poêle rouge,
et d’un coup disparait
ne laissant que sa pipe
au milieu d’une flaque d’eau
ne laissant que sa pipe
et puis son vieux chapeau.
Jacques Prévert
Noël
« Noël est là,
Ce joyeux Noël, des cadeaux plein les bras,
Qui réchauffe nos coeurs et apporte la joie,
Jour des plus beaux souvenirs,
Plus beau jour de l’année. »
Washington Irving
Le silence uni de l’hiver
Le silence uni de l’hiver
est remplacé dans l’air
par un silence à ramage ;
chaque voix qui accourt
y ajoute un contour,
y parfait une image.
Et tout cela n’est que le fond
de ce qui serait l’action
de notre coeur qui surpasse
le multiple dessin
de ce silence plein
d’inexprimable audace.
Rilke
Sur le soupir de l’amie
Sur le soupir de l’amie
toute la nuit se soulève,
une caresse brève
parcourt le ciel ébloui.
C’est comme si dans l’univers
une force élémentaire
redevenait la mère
de tout amour qui se perd.
Rilke
Ce soir mon coeur fait chanter
Ce soir mon coeur fait chanter
des anges qui se souviennent…
Une voix, presque mienne,
par trop de silence tentée,
monte et se décide
à ne plus revenir ;
tendre et intrépide,
à quoi va-t-elle s’unir ?
Rilke